Muriavai : l'embouchure de la Punaru'u
TOPONYMIE ET ORIGINES DE MURIÄVAI
SituĂ©e entre les terres VAIPARÄOA et VAITIAMANINO, lâembouchure de PUNARUâU a pour nom toponymique celui de la terre jouxtant sa rive gauche : VAIPARÄOA (Lâeau des baleines) ou TEPARÄOA (PARÄOA : baleine). Un nom symbolique puisquâeffectivement baleines et dauphins Ă long bec deviennent, le temps dâune saison, les occupants privilĂ©giĂ©s de la grande Baie de PUNAÄUIA.
Se dĂ©versant dans cette mĂȘme Baie, lâembouchure de PUNARUâU, MURIÄVAI, empruntait autrefois, selon les saisons, deux directions autres que sa trajectoire actuelle pour rejoindre lâocĂ©an. Ainsi, dâun cycle Ă lâautre, elle traversait, tantĂŽt, lâintĂ©rieur des terres VAIPARÄOA, Ă proximitĂ© du site actuel du MusĂ©e des Tahiti et des Ăles, tantĂŽt, les terres VAITIAMANINO situĂ©es plus Ă lâEst.
MURIÄVAI MARQUEE PAR LâHISTOIRE DE LA GUERRE FRANCO-TAHITIENNE
En 1844, « suite Ă un incident qui porte atteinte Ă la souverainetĂ© de la reine POMARE, Ă lâannexion de Tahiti par Dupetit-Thouars le 6 novembre de la mĂȘme annĂ©e (âŠ) et Ă la confiscation de ses terres », un conflit Ă©clate entre les partisans de cette derniĂšre et les troupes françaises : câest la Guerre Franco-Tahitienne. AprĂšs avoir traversĂ© TARAVAO, MAHAENA, PAPENOO puis FAUTAUA, les insurgĂ©s tahitiens se rassemblent Ă PUNAAUIA.
Le 12 avril 1846, le commandant BRUAT dĂ©barque un corps expĂ©ditionnaire Ă TAAPUNA. RepoussĂ© par 600 guerriers tahitiens, les troupes françaises, rejointes par 216 alliĂ©s tahitiens, investissent les rivages dont celui de lâembouchure de PUNARUâU. Les 27 et 28 mai 1846, un nouveau dĂ©barquement est effectuĂ© Ă la Pointe de NUâUROA oĂč, sur la terre ARIâITIA, sera Ă©difiĂ©e la Tour Noire dite « PA FARANI » dĂ©truite en 1959. Sâen suivra la traversĂ©e des terres pour rejoindre lâintĂ©rieur de la vallĂ©e de PUNARUâU et lâĂ©dification de 3 fortins. Cet affrontement laissera son empreinte dans lâhistoire de PUNAAUIA.
UN LAIS DE MER ET QUATRE SAISONS BIEN DISTINCTES
Jadis, le site VAITIAMANINO, aujourdâhui appelĂ© MURIÄVAI, nâĂ©tait quâun lais de mer qui rythmait la vie de la population selon quatre saisons prĂ©cises tournĂ©es, soit vers lâocĂ©an, soit vers la vallĂ©e de PUNARUâU. John TUAIVA, originaire de PUNAÄUIA, se souvient de ces quatre saisons.
Dans les annĂ©es 60, alors ĂągĂ© de 6-7 ans, il se rappelle de toutes les activitĂ©s qui permettaient Ă la population de vivre. Ainsi, au mois de mars, les filets de pĂȘche valsaient sur le plan dâeau, câĂ©tait alors le premier cycle des ATURE (chinchards). Du mois dâavril au mois de mai, la population se retrouvait dans la vallĂ©e de PUNARUâU pour la cueillette du cafĂ©. A lâĂ©poque, la basse vallĂ©e foisonnait de plantations ; on y trouvait Ă©galement des orangers et des citronniers dont les premiĂšres rĂ©coltes dĂ©marraient au mois de juin pour se terminer au mois de juillet. Nul besoin de se rendre dans les montagnes, tout Ă©tait Ă porter de main. En aoĂ»t, la chasse aux cochons Ă©tait ouverte. Enfin, au mois de novembre, les habitants reprenaient la cueillette des agrumes et la pĂȘche aux ATURE (chinchards) mais Ă©galement aux ÄȘNA’A (alevins).
MURIÄVAI, UNE BATAILLE ENVIRONNEMENTALE CONTINUELLE
NâĂ©chappant pas au dĂ©veloppement industriel de la vallĂ©e de PUNARUâU, le cycle nourricier de MURIÄVAI, mais surtout son paysage est fortement perturbĂ© par cette modernisation.
En 1973 la dĂ©libĂ©ration municipale N°50 du 1er dĂ©cembre1973 institue la taxe sur les ordures mĂ©nagĂšres. Le site devient, quelques temps aprĂšs, le premier dĂ©potoir de la Commune. Au-delĂ des amas dâordures recouverts dâun remblai, MURIÄVAI doit Ă©galement faire face aux activitĂ©s polluantes des industriels installĂ©s dans la vallĂ©e de PUNARUâU. En octobre 1994, face Ă une grave pollution ayant provoquĂ© la mort de nombreux alevins, lâassociation TE MATA ARA O TE MURIÄVAI NO PUNARUâU (LâĆil vigilant de lâembouchure de la PUNARUâU) voit le jour. MURIÄVAI, touchĂ©e par de nombreuses pollutions environnementales mettant en pĂ©ril la faune et la flore marine, le combat pour la protection du site est lancĂ© et les actions de nettoyage se succĂšdent au fil des ans.
Les dĂ©chets enfouis dans la vallĂ©e sont aujourdâhui encore ramassĂ©s Ă lâembouchure. Face Ă cela, riverains et associations environnementales, accompagnĂ©s de la Commune, continuent de se mobiliser pour la sauvegarde et la protection de leur site.
MURIÄVAI, LIEU DE RENDEZ-VOUS DE LA JEUNESSE DE PUNAÄUIA
Forte de sa mobiliation environnementale, lâassociation TE MATA ARA O TE MURIÄVAI NO PUNARUâU Ă©largit ses missions pour sâintĂ©resser Ă©galement aux problĂšmes de la jeunesse de PUNAÄUIA. En 1997, et dans le cadre des actions dâinsertions des jeunes, par arrĂȘtĂ©s n°237/CM du 27 fĂ©vrier 1997 et n°1252/CM du 4 septembre 2000, le Pays autorise ladite association Ă occuper la parcelle du lais de mer sis au droit des terres VAITIAMANINO, TEPUNAROURA FAREAITO.
Les membres de lâassociation construisent alors un local dans lequel est crĂ©Ă© une Ă©cole dâinitiation aux techniques de pĂȘche lagonaire et de conservation de poissons, de prĂ©paration au permis A, et de bien dâautres activitĂ©s permettant lâinsertion des jeunes dans la vie active. La « cabane » devient alors le lieu de rendez-vous incontournable de cette jeunesse qui, au fil des ans, se sont appropriĂ©s les lieux.
Sur ce mĂȘme site, le 19 mars 2010, les nouveaux locaux de la Maison Pour Tous de PUNAÄUIA, en fonctionnement depuis 1997, sont inaugurĂ©s. MURIÄVAI accueillera des gĂ©nĂ©rations dâenfants et de jeunes de la Commune qui seront marquĂ©s de son empreinte historique, environnementale et sociale.
MURIÄVAI PARTIE INTEGRANTE DâUNE ZONE REGLEMENTEE
La Baie de PUNAÄUIA-NUâUROA, qui accueille saisonniĂšrement les mammifĂšres marins, permet, aujourdâhui encore de nourrir ses riverains. Ainsi, afin de faire face aux risques de surexploitation des ressources marines, en 2016, par arrĂȘtĂ© CM du 29 fĂ©vrier 2016, toute la zone lagonaire de NUâUROA, incluant MURIÄVAI, est dĂ©clarĂ©e Zone de PĂȘche RĂšglementĂ©e. Un comitĂ© de gestion composĂ© de reprĂ©sentants du Pays, de la Commune et de la sociĂ©tĂ© civile locale est mis en place pour veiller au respect des mesures de protection et pour Ă©mettre toute proposition en matiĂšre de prĂ©servation des Ă©cosystĂšmes, de la biodiversitĂ© marine et de pĂȘche des espĂšces marines au droit de la Commune.
REDYNAMISATION DE MURIÄVAI
Jouissant dâun passĂ© historique qui a rythmĂ© la vie des riverains, empreint du passage de ses pĂȘcheurs, de ses surfeurs, de sa jeunesse, le site de MURIÄVAI mĂ©ritait dâĂȘtre redynamisĂ©. En 2017, la Commune Ă©met le souhait dâĂȘtre affectataire dudit site afin de mettre en Ćuvre un programme dâanimations et dâactions sociales en faveur des jeunes des quartiers environnants. Ainsi, par arrĂȘtĂ© n°02042/CM du 6 novembre 2017, la demande de la collectivitĂ© reçu un avis favorable. DĂšs lors, les travaux furent entrepris afin que tous les projets au bĂ©nĂ©fice de la jeunesse puissent Ă nouveau voir le jour Ă MURIÄVAI.