Les fortins de la Punaru'u

11/10/2023 - 5 minutes de lecture

Vestiges de la guerre franco-tahitienne (1844-1846), les fortins de PUNARU’U sont les tĂ©moins des affrontements qui ont opposĂ©s les insurgĂ©s tahitiens et les militaires français Ă  PUNAAUIA lors de la tentative d’instauration du protectorat français Ă  Tahiti.

Histoire : De la tentative de protectorat Ă  la guerre franco-tahitienne

Le 9 septembre 1842, aprĂšs accord de la reine POMARE, l’amiral Dupetit-Thouars Ă©tablit le Protectorat de la France sur les Îles du Vent. En 1943, « suite Ă  un incident qui porte atteinte Ă  sa souverainetĂ© (l’affaire du pavillon), Ă  l’annexion de Tahiti par Dupetit-Thouars le 6 novembre de la mĂȘme annĂ©e (
) et Ă  la confiscation de ses terres [1]», la reine dĂ©nonce le traitĂ© et se rĂ©tracte. Alors que de nombreuses terres sont aliĂ©nĂ©es, les chefs apparentĂ©s Ă  la reine se rĂ©voltent contre les français.

En 1844, la guerre entre les partisans de la reine et les troupes françaises est officiellement dĂ©clarĂ©e. Les insurgĂ©s se dĂ©placent dans un premier temps Ă  TARAVAO, puis, ils se rendent successivement Ă  MAHAENA, dans les vallĂ©es de PAPENOO et FAUTAUA, avant de s’arrĂȘter Ă  PUNAAUIA.

« Le 12 avril 1846, le commandant Bruat dĂ©barque un corps expĂ©ditionnaire Ă  TaapunaIls sont repoussĂ©s par plus de six cent guerriers tahitiens. L’amiral Hamelin Ă  la tĂȘte de 800 hommes et marins renforcĂ©s de 216 tahitiens alliĂ©s investissent alors Punaauia.  ProtĂ©gĂ©s par les troupes occupant les rivages, un nouveau dĂ©barquement prĂ©sumĂ© Ă  la pointe des pĂȘcheurs est effectuĂ© les 27 et 28 mai 1846 [2]».  Les insurgĂ©s tahitiens se rĂ©fugient dans la vallĂ©e de PUNARU’U. Leur campement, du nom de « HERERIIAU [3]», est rapidement localisĂ© par les Ă©claireurs tahitiens des troupes françaises. Le 30 mai, les combats Ă©clatent.

L’édification des fortifications

DĂšs 1846, les troupes du gĂ©nie français, constituĂ©es « de maçons, de tailleurs de pierres, de mineurs carriers, de briquetiers, de charpentiers, de charrons dĂ©barquĂ©s de l’Uranie et amenĂ©s en 1843 par Bruat en 1843, assistĂ© du capitaine Raimbault, chef du service du gĂ©nie en OcĂ©anie, pour la construction des grands ouvrages du protectorat [4]», construisent quatre fortifications : la Tour Noire ou « PA FARANI Â» (le Blockhaus), la Tour BrĂ©a, la Tour Perrote, le Fortin « PARE ITI Â».

La Tour Noire ou « PA FARANI Â» (Blockhaus)

Autrefois Ă©rigĂ©e Ă  la pointe de NU’UROA, sur la terre ARI’ITIA, Ă  partir des pierres de l’ancien Marae TAPUTAPUATEA de PUNAAUIA, elle fut le plus grand Ă©difice des quatre fortifications. « Elle sera dĂ©truite en 1959 [5]».

La Tour Perrote

Arborant le nom de l’élĂšve 1Ăšre classe Perrote, qui perdit la vie lors de la guerre franco-tahitienne, elle fut construite en 1846. Â« SituĂ©e sur un Ă©peron rocheux qui surplombe la riviĂšre et le pont de PUNARU’U, la Tour Perrote est constituĂ©e de moellons basaltiques bruts ou Ă©bauchĂ©s, liĂ©s avec de la chaux corallienne. Ses dimensions sont de 3,5 mĂštres sur 4,80 mĂštres pour une superficie de 16M2. L’édifice fait 4,35 mĂštres de hautLes murs Ă©pais sont recouverts d’un enduit et d’un badigeon de chaux. L’accĂšs aux crĂ©neaux Ă©tait permis par un pont en bois. L’entrĂ©e principale Ă©tait situĂ©e Ă  l’étage. Cette entrĂ©e est ornĂ©e de pierres de seuils taillĂ©es dans un tuf basaltique. Quelques piĂšces mĂ©talliques sont incluses dans la maçonnerie. Certains joints de l’assise du pont Ă©taient mĂ©talliques. Les diffĂ©rentes façades sont ponctuĂ©es de trois rangĂ©es de meurtriĂšres [6]». 

La Tour Bréa

Plus grande que la Tour Perrote, et construite en 1846, la Tour BrĂ©a, du nom du commandant BrĂ©a mort durant les affrontements Ă  PUNARU’U, domine la plaine cĂŽtiĂšre et fait face Ă  la passe. Visible de la route, elle est situĂ©e en face du centre commercial Tamanu, Â« Le monument est Ă©galement constituĂ© de moellons basaltiques bruts ou Ă©bauchĂ©s, liĂ©s avec de la chaux corallienne. L’ancienne entrĂ©e, situĂ©e Ă  l’étage, est ornĂ©e de pierres de seuil taillĂ©es dans un tuf basaltique rouge. Les murs Ă©pais d’environ 50 cm sont recouverts d’un enduit et d’un badigeon de chaux.  Les diffĂ©rentes façades sont ponctuĂ©es de rangĂ©es de meurtriĂšres. Pendant la premiĂšre et la seconde guerre mondiale, la Tour a servi de point d’observation. En 1965, le fort fut transformĂ© en relais pour la station de tĂ©lĂ©vision locale [7]».

Par arrĂȘtĂ© du 23 juin 1952 portant classement de monuments et sites des Etablissements français d’OcĂ©anie, les trois premiers fortins, Tour Noire, Perotte et BrĂ©a, sont officiellement classĂ©s.  Mais en 1958, le fortin le plus imposant qui fut construit Ă  la pointe de NU’UROA est dĂ©classĂ© par arrĂȘtĂ© n°524 AAE du 23 dĂ©cembre 1958.

Le Fortin « PARE ITI Â»

« Construit pendant la guerre franco-tahitienne, le Fortin « PARE ITI Â» surplombe le lit de la riviĂšre PUNARU’U. Les dimensions du fortin sont de 3,5 mĂštres sur 4,80 mĂštres pour une superficie de 16 M2. L’édifice fait 4, 35 mĂštres de haut. Le fortin se constitue de moellons basaltiques bruts ou Ă©bauchĂ©s, liĂ©s entre eux avec de la chaux corallienne. L’accĂšs aux crĂ©neaux Ă©tait permis par un pont supĂ©rieur en bois. L’entrĂ©e principale Ă©tait situĂ©e Ă  l’étage. Cette entrĂ©e est ornĂ©e de pierres de seuils taillĂ©es dans un tuf basaltique rouge Â».[8]

En raison de ses dimensions plus modestes, le fortin « PARE ITI Â» qui fut omis par l’arrĂȘtĂ© du 23 juin 1952 fut classĂ© soixante-six ans plus tard au titre des monuments historiques par arrĂȘtĂ© n° 424 CM du 15 mars 2018.

« Avec le concours de la Ville de Punaauia, les services territoriaux en charge de la culture et du tourisme, l’association MĂ©moire polynĂ©sienne et la Fondation Tupuna Tumu  ont engagĂ© en juin 2018 des travaux de conservation, de rĂ©habilitation et de mise en valeur [9]» du fortin « PARE ITI Â».

« Sur le plan de la cĂŽte occidentale de Tahiti de Papeete Ă  Punaauia, levĂ© en 1847 par Mr. GAUSSIN, IngĂ©nieur Hydrographe, le Blockhaus (1), la Tour BrĂ©a (2) et la Tour Perrote (3) « figurent sur le plan levĂ© en 1947 par l’ingĂ©nieur hydrographe GAUSSIN. La construction entourĂ©e d’un cercle (4) pourrait ĂȘtre le Fortin PARE ITI Â». [10]


Sources:

[1] [5] [10] Service de la culture et du patrimoine (SCP) – [in site].

[2] [6] [7] [8]  [9] SHIGETOMI, Jean-Christophe, prĂ©sident de l’association MĂ©moire polynĂ©sienne, prĂ©sident de la Fondation Tupuna TumuConservation et mise en valeur d’un fortin Ă  PUNARU’U, PUNAAUIA, 2018.

[3] Service de la Culture et du Patrimoine. Le fortin de Punaru’u. Propos recueillis par Tutana PETERS en 1998 auprĂšs de Teura Raurii MAIHOPE dite Mama RA’A, nĂ©e le 23 juillet 1904 Ă  PUNAAUIA sur la terre VAIATA, fille de Paia MAIHOPE.

[4] TETUANUI NATUA, Aurora. TE MARAE RAHI I ATAHUHU. Illustration de CUMMING Constance. Editions Haere Po no Tahiti, 1992. SociĂ©tĂ© des Etudes OcĂ©aniennes, B4-16-63.